Les photographies de Claire de Foucauld sont comme des haïkus. Elles fixent sur le négatif l’évanescence des émotions d’une scène. Intérieurs, paysages urbains ou naturels, détails du quotidien… Chaque image immortalise la cocasserie d’un moment, la poésie d’une forme, d’un rayon de lumière ou d’une couleur aux tonalités particuliÃ...¨res.
Ses clichés, la photographe les glanent au gré de nombreuses flâneries. « Je ne sais pas ce que je vais attraper, je laisse l’appareil décider pour moi. » Le hasard est au coeur de sa pratique, à la manière d’une écriture automatique construite avec l’image. C’est ensuite que son regard intervient, lorsqu’elle fait naître des associations, souvent à travers les pages d’un livre, pour créer des séquences et nous raconter une histoire.
Au fil des images rassemblées, une typologie de motifs se dessinent. L’oeil de Claire de Foucauld peut par exemple s’arrêter sur celui de la clôture, du grillage, de la barrière, du filet… un champ lexical de l’empêchement qui, associé à des visages souvent dissimulés ou des scènes vides de toute présence humaine donnent au spectateur l’impression d’arriver après la fête, de pénétrer dans des espaces qui, quelques minutes plus tôt, bourdonnaient de vie. Ainsi gardés à distance, nous devenons observateurs extérieurs de cet univers inaccessible et empli d’une impression d’inquiétante étrangeté, cette manière qu’à l’intime de surgir comme étranger ou inconnu.
Une forme de solitude émane de cette mise à distance qui, loin d’être négative, nous permet de renouveler notre regard sur ce monde que Claire de Foucauld s’attache à collecter afin de nous en faire saisir toute la poésie.
Zoé Isle de Beauchaine, 2024